La commémoration du 10 mai à Nantes : Dévoilement d'une citation d'Édouard Glissant sur l'un des murs du Mémorial de l'abolition de l'esclavage. Vidéo de la cérémonie
La commémoration de la Journée des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions a été marquée cette année à Nantes, par le dévoilement d'une citation d'Édouard Glissant sur l'un des murs du Mémorial de l'abolition de l'esclavage. Cette citation a été dévoilée à Nantes lors d'une cérémonie officielle en hommage à Haïti, 2014 marquant le 210e anniversaire de la Proclamation d'indépendance de la première République noire du monde. La commémoration du 10 mai n'est jamais anodine à Nantes qui fut, rappelons-le, le premier port négrier français et l'un des derniers à perpétuer le commerce triangulaire.
CI-CONTRE : Vidéo de la cérémonie officielle du 10 mai 2014 au Mémorial de l'abolition de l'esclavage de Nantes (document ITM, réal. : Laurène Lepeytre).
Dévoilée le 10 mai 2014, 9e Journée nationale des Mémoires de l'esclavage, de la traite et de leurs abolitions
CITATION D'ÉDOUARD GLISSANT GRAVÉE SUR L'UN DES MURS DU MÉMORIAL DE L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE DE NANTES
« Vous ne pouvez pas haïr un peuple ou une communauté qui ont cessé de vous haïr, vous ne pouvez pas aimer vraiment un peuple ou une communauté qui vous haïssent encore, ou qui vous méprisent sourdement. C’est qu’en matière de relations entre communautés, l’oubli est une manière particulière et unilatérale d’établir des rapports avec les autres, mais que la mémoire, qui est non pas une médication de l’oubli mais à la lettre son éclat et son ouverture, ne peut être que commune à tous. L’oubli offense, et la mémoire, quand elle est partagée, abolit cette offense. Chacun de nous a besoin de la mémoire de l’autre, parce qu’il n’y va pas d’une vertu de compassion ni de charité, mais d’une lucidité nouvelle dans un processus de la Relation. Et si nous voulons partager la beauté du monde, si nous voulons être solidaires de ses souffrances, nous devons apprendre à nous souvenir ensemble. »
TRADUCTION, EN ESPAGNOL
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«Ustedes no pueden odiar a un pueblo o una comunidad que ha dejado de odiarles, ni pueden amar verdaderamente a un pueblo o una comunidad que todavía les odia, o que sencillamente les desprecia. Porque en materia de relaciones entre comunidades, el olvido es una modalidad particular y unilateral de establecer relaciones con los demás, pero la memoria, que no es una cura contra el olvido sino más bien su esplendor y su apertura, no puede sino ser común para todos. El olvido ofende, y la memoria, cuando es compartida, perdona esa ofensa. Cada uno de nosotros necesita que los demás le recuerden, porque no se trata de una virtud compasiva ni de caridad, se trata de una nueva lucidez en el proceso de la Relación. Y si queremos compartir la belleza del mundo, si queremos ser solidarios con su sufrimiento, debemos aprender a recordar juntos.»
TRADUCTION, EN ANGLAIS
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"You cannot hate a people or a community that has stopped hating you, you cannot truly love a people or a community that continues to hate you, or silently despises you. For when it comes to relations among communities, forgetting is a particular and unilateral way to build relationships with others, whereas memory, which is not simply a remedy for forgetting, but literally its bursting and its opening, can only be common to all. Forgetting offends, and memory, when shared, abolishes this offence. Each one of us needs the memory of the other because what is at stake is not a virtue of compassion or charity, but a new clarity within a process of Relation. And should we wish to share the beauty of the world, should we wish to stand alongside its sufferings, we must learn to remember together."