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DOSSIERS

COMMÉMORATIONS

DOSSIER : Les commémorations 2013

À noter : deux ouvrages de Louis-Georges Tin sur

la question des réparations (janvier et février 2013)

Concernant le débat de cette semaine sur l'esclavage, pensez-vous que l'État devrait dédommager les descendants en versant des réparations financières?

J'ai, à cet égard, une position constante depuis une quinzaine d'années. La reconnaissance légale de la traite et de l'esclavagisme en tant que crimes contre l'humanité est une grande réparation solennelle. L'article 2 sur l'enseignement de cette histoire, à tous les niveaux, primaire, collège, lycée et université, est aussi une belle réparation. Il y a une action publique à mener dans la lutte contre le racisme, la déconstruction du racisme, à ses racines. Faire en sorte que les pays d'Europe qui, aujourd'hui, portent en leur sein les traces de cette histoire comprennent qu'ils sont pluriels et que la diversité de leur population est l'héritage de cette histoire-là. Les survivances de cette violence, ce sont aujourd'hui les discriminations et le racisme. On doit lutter résolument contre cela, de la même façon que les esclaves, les marrons, et les humanistes ont lutté contre le système esclavagiste.


Il y a en outre deux sujets spécifiques, qui concernent les territoires d'outre-mer et l'Afrique. En outre-mer, il y a eu une confiscation des terres ce qui fait que, d'une façon générale, les descendants d'esclaves n'ont guère accès au foncier. Il faudrait donc envisager, sans ouvrir de guerre civile, des remembrements fonciers, des politiques foncières. Il y a des choses à mettre en place sans expropriation, en expliquant très clairement quel est le sens d'une action publique qui consisterait à acheter des terres. En Guyane, l'État avait accaparé le foncier, donc là, c'est plus facile. Aux Antilles, c'est surtout les descendants des "maîtres" qui ont conservé les terres donc cela reste plus délicat à mettre en œuvre.


Une telle politique foncière serait envisageable aujourd'hui?

Cela fait dix ans que je le dis, je crois que c'est vraiment possible. Il y a de plus en plus de gens qui sont conscients de cette inégalité et de cette injustice qui se reproduisent. Les temps sont mûrs pour le faire intelligemment et de façon équitable.


Et pour l'Afrique?

C'est la question de l'enlisement dans une économie de matières premières, et d'une dette qui empêchent les politiques publiques d'éducation, d'aménagement du territoire. Concernant l'Afrique, il y a une pensée d'Édouard Glissant qui me paraît claire : "Autrefois, seule une partie du monde était responsable de l'ensemble du monde, aujourd'hui le monde entier est responsable du monde entier." Nous sommes tous comptables des injustices qui s'entretiennent et se reproduisent, parce qu'elles sont enracinées dans cette période d'esclavage et de colonisation. C'est ensemble que nous devons porter la réparation. Je sais qu'il y a des demandes de compensation financière, mais c'est un débat dans lequel je n'ai jamais souhaité m'inscrire.


Laurent Valdiguié - Le Journal du Dimanche, samedi 11 mai 2013

Concernant la réparation de l'esclavage, la ministre de la Justice est favorable, en outre-mer, à "une politique foncière" qui vise à réparer "les confiscations des terres".


  

Chistiane Taubira : "Rendre leurs terres aux descendants d'esclaves" (Interview accordée au Journal du dimanche, le 11 mai 2013)

POUR LA RÉPARATION

En matière de Traite, d'esclavage, de colonisation,

la réparation relève d'une volonté d'aller

au mieux-humain dans un autre vivre-ensemble.

Et donc d'une complexe totalité.

Dès lors, il faut la concevoir dans un écosystème :

- Politique

- Législatif

- Foncier

- Éducationnel

- Scientifique

- Culturel

- Financier

- Psychologique

- Esthétique

- Artistique

- Symbolique...

Son éthique déserte toute bonne ou toute mauvaise conscience, vengeance ou récrimination, pour s'inscrire dans la haute conscience. Elle demande, à qui en porterait la volonté étatique, la mise en place d'une instance de réflexion et de structuration.

L'écarter en s'effarouchant d'une indécence comptable

n'est qu'une manière caricaturale

de ne rien entendre au concert obligé des mémoires.


Patrick CHAMOISEAU

  

Patrick Chamoiseau, en faveur de la réparation comme

"écosystème" (Message électronique adressé par Patrick Chamoiseau le

vendredi 17 mai, déposé sur sa page Facebook puis relayé dans les médias)

La grève générale qui paralysa les Antilles en 2009 démontra combien les sociétés domiennes étaient minées par d'inextricables problèmes économiques, sociaux et identitaires. Secrétaire d'État chargé de l'outre-mer de l'époque, Yves Jégo, déclara dans Le Nouvel Observateur du 25 février 2009 : "L'Histoire et ses drames pèsent d'un poids très important dans ce conflit qui n'était pas seulement une crise de pouvoir

Mémoire de l'esclavage : réconciliation  

(Le Monde, vendredi 10 mai 2013, tribune de Serge Romana, Professeur

de médecine, généticien, Président du Comité Marche du 23 mai 1998)






d'achat, mais aussi une crise identitaire". Par ces mots, il mettait en exergue le poids toujours prégnant de l'esclavage et de la colonisation dans la réalité économique et politique de ces pays. Aujourd'hui, certaines associations conflictualisent la mémoire de l'esclavage en faisant miroiter l'obtention de réparations financières pour chaque descendant d'esclaves ou encore pour le paiement d'une dette qui assurerait l'indépendance des Antilles. Des revendications qui s'appuient sur un ressentiment anti-français tenace.


La mémoire de l'esclavage colonial est une question politique majeure dont le traitement pèsera sur l'avenir des peuples d'outre-mer. Elle ne peut se résumer à des commémorations de l'abolition de l'esclavage, fussent-elles nationales comme celle du 10 mai. Les sociétés d'outre-mer ne s'en sortiront qu'en entamant un nécessaire et difficile travail de réconciliation. Ce travail doit se réaliser avec nous-mêmes – les descendants d'esclaves –, avec les descendants de colons, l'Afrique et la République.


C'est ce que nous avons expérimenté depuis 15 ans au sein du Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98). Nous sommes partis du constat que la mémoire de l'esclavage était, chez la plupart des descendants d'esclaves, honteuse et douloureuse, à tel point que nos anciens nous interdisaient d'en parler. Grâce à des groupes de parole, nous avons réalisé que de nombreuses fractures de nos sociétés prenaient leurs sources dans cette histoire. Nous avons entamé un long travail de réhabilitation de la mémoire des victimes de l'esclavage en commençant par les considérer comme des parents dont il fallait honorer le souvenir.


Après la marche des 40 000 du 23 mai 1998, nous avons institué la journée du 23 mai commémorant les victimes de l'esclavage. Dans les archives, nous avons retrouvé l'identité des aïeux esclaves de près de 80 % des Antillais (voir le site www.anchoukaj.org). Nous avons constaté combien ce travail apaisait le ressentiment et permettait aux Antillais de s'assumer comme des témoins de leur tragique histoire. Cette travail d'affiliation permettra de déboucher, nous l'espérons, sur la construction d'un tourisme mémoriel qui deviendra un axe majeur du développement économique et culturel de ces pays.


Ce développement ne pourra s'accomplir sans la nécessaire réconciliation de toutes les composantes ethniques de ces territoires. Les descendants de colons doivent faire l'effort de s'assumer également et pleinement comme des témoins de l'esclavage en donnant accès aux archives qu'ils possèdent et en mettant à disposition des autorités les terres sur lesquelles se trouvent des lieux de mémoire à réhabiliter.


Nous devons aussi nous réconcilier avec l'Afrique. Les Africains déportés ont raconté qu'ils avaient été vendus par leurs congénères. Jusqu'aujourd'hui, les Antillais souffrent de cette histoire. Nous devons comprendre que la traite et l'esclavage colonial ont été, avant tout, un vaste commerce impliquant les élites économiques et politiques européennes, africaines, arabes, indiennes et chinoises. Nous devons dépasser notre ressentiment. Car, même si nous ne sommes plus des Africains, nous avons l'Afrique en nous.


Enfin, nous ne pourrons bâtir nos sociétés dans une relation conflictuelle avec la République. Elle a été abolitionniste, mais elle est restée colonialiste. Elle a commencé son travail de mémoire en votant la loi du 30 juin 1983 officialisant les commémorations de l'abolition de l'esclavage. Elle l'a poursuivi en 2001 en promulguant le 21 mai 2001 la loi reconnaissant la traite et l'esclavage colonial comme crime contre l'humanité. Elle doit le continuer par la reconnaissance pleine et entière des dates commémoratives des 10 et 23 mai qui ne sont reconnues que par une circulaire. Elle doit soutenir les initiatives permettant aux descendants de sortir du ressentiment.


La réconciliation doit devenir un objectif politique majeur de la politique mémorielle de l'esclavage pour éviter que le ressentiment entraîne ces sociétés dans un gouffre sans fond.

  

Il réclame à la Caisse des dépôts une réparation financière. Une position controversée.

L'annonce. C'est une demande qui suscite la controverse et à laquelle le président de la République s'est déjà opposé.

Louis-Georges Tin,

Président du CRAN

Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a annoncé vendredi qu'il assignait en justice la Caisse des dépôts (CDC) et qu'il lui réclamait une compensation financière pour avoir profité de la traite négrière. "Nous assignons en justice la Caisse des dépôts et consignations, la banque d'Etat qui a joué un rôle considérable dans l'esclavage", a annoncé le président du Cran Louis-Georges Tin à l'occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions.


Une "double peine". Le Cran accuse la CDC de s'être rendue "complice de crime contre l'humanité" en encaissant "des sommes équivalentes à 21 milliards de dollars" entre 1825 et 1946. Une indemnisation exigée par Paris pour ses colons en échange de l'indépendance du pays en 1804. Pour le président du Cran, Haïti a ainsi été frappée d'"une double peine", jugeant que "cette rançon a précipité Haïti dans une spirale infernale d'instabilité et de misère".


La CDC s'est également "enrichie grâce à l'exploitation colonialiste", a ajouté Me Norbert Tricaud, avocat du Cran. Ce dernier compte demander à la CDC "d'abonder à hauteur d'au moins 10 millions d'euros un fonds de dotation pour financer des recherches" sur l'esclavage.


De son côté, la CDC a réagi en renvoyant vers le Trésor. "Légalement, les sommes qui sont consignées à la Caisse des dépôts sont reversées au Trésor au bout de 30 ans", a indiqué un porte-parole de la banque publique.


L"'impossible réparation" selon Hollande. Peu avant cette annonce du Cran, François Hollande avait écarté l'idée d'une compensation financière. Le chef de l'Etat s'est appuyé sur les mots du poète martiniquais Aimé Césaire : l'"impossible réparation". "Il y aurait une note à payer et ensuite ce serait fini ? Non, ce ne sera jamais réglé", a estimé le président de la République.

  

Esclavage : le coup d'éclat du Cran

(Source : Sophie Amsili, Europe 1.fr)


  

La Journée nationale des mémoires (BFMTV, 10 mai 2013)

La Journée nationale des mémoires (France 24, 10 mai 2013)

Les commémorations de cette année se jouent sous fond de résurgence du débat autour des "réparations" de la période esclavagiste. Un débat déà ancien, dans lequel l'intervention du chef de l'État a cette année apporté une dimension particulière, François Hollande s'étant fermement opposé dans son discours prononcé lors de la cérémonie officielle du 10 mai, contre cette voie qui a été promue par certaines associations depuis quelqus années. Et justement, cette Journée nationale des mémoires a été choisie par le CRAN (Comité représentatif des associations noires), pour déposer une plainte judiciaire contre la Caisse des Dépôts et Consignations, à propos de son rôle dans le système esclavagiste et notamment pour la  dette imposée durant des années à Haïti, à la suite de son accession à l'indépendance. Le contexte de 2013 a donc été marqué par la réapparition sur le devant de la scène de ce vieux débat, dans lequel les arguments des uns et des autres ont déjà été maintes fois exposés. Les clivages réapparaissent, la divergence notable de visions diamétralement opposées autour de la question de la mémoire est réitérée, et de nouvelles prises de position se font jour. Aperçus.

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Le débat autour des réparations

© Institut du Tout-Monde, 2013. Site établi et réalisé par Loïc Céry, pour l'ITM. Le contenu du site est libre de droits (sauf utilisation commerciale), à condition d'en indiquer clairement la provenance, avec l'url de la page citée.